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XIII


Lorsqu’après cette soirée André se retrouva seul dans sa chambre, il se laissa tomber dans un fauteuil et serra entre ses mains son front brûlant.

— Je suis à bout de forces, murmura-t-il, je sens que ma volonté va ployer et que ma conscience est submergée par mon amour. Je ne puis combattre plus longtemps, c’est une torture trop affreuse de refuser le bonheur que l’on n’osait pas entrevoir, même en rêve. La lèvre brûlée par la soif ne peut pas repousser toujours la coupe rafraîchissante qui s’offre à elle ; il le faudrait pourtant. Ma conscience me commande le sacrifice, mais je n’ai pas la force de lui obéir. Elle m’aime ! Cette pensée m’emplit le cœur et chante