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les cruautés de l’amour

— Allons, murmura-t-il, j’avais cru pouvoir échapper à la douleur ; mais elle me reprend dans ses griffes et ne veut pas me faire grâce.

Clélia, qui l’observait avec attention, se pencha vers l’oreille du docteur.

— Vous voyez bien que le chagrin ne lui vaut rien, dit-elle, me permettez-vous de lui parler enfin et d’achever de le guérir en lui apprenant que je l’aime ?

— Parlez-lui, mon enfant, dit Ovnikof.

André fit quelques pas dans la chambre.

— Je puis marcher, dit-il avec un sourire plein d’amertume.

— Alors je vais te conduire dans la serre, dit Clélia, nous serons très-bien là pour causer.

Le grand salon du rez-de-chaussée s’ouvrait sur cette serre dont parlait la jeune fille ; elle était haute, très-vaste et pleine d’arbres exotiques, de plantes aux feuillages énormes, de fleurs rares ; on y respirait un parfum de terre humide et de pétales mûrs. Des oiseaux des îles gazouillaient dans une volière.

— Ah ! que c’est joli ! s’écria André en entrant, est-il possible qu’il existe un pays où des plantes semblables à celles-ci croissent librement !

— Si tu veux, nous irons ensemble dans ce pays, dit Clélia.