Page:Gautier - Les Cruautés de l'Amour, E. Dentu, 1879.djvu/120

Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
les cruautés de l’amour

La jeune fille releva la tête.

— Ah ! cher André ! s’écria-t-elle, tu vivras, n’est-ce pas ? Tu ne me laisseras pas seule dans ce monde. Tu m’aimes trop pour partir sans moi.

— Ah ! ça ! si vous continuez ainsi, je vous interdis l’entrée de cette chambre, s’écria le docteur qui s’éveilla en sursaut. Je suis le maître pour l’instant. Vous agitez mon malade, la fièvre va le prendre bientôt… que diable, laissez-le tranquille ! Tenez, ajouta-t-il avec une sorte d’attendrissement en voyant André froncer le sourcil, il est encore aux trois quarts dans l’autre monde et il veut déjà vous défendre.

— Pauvre ami ! dit la jeune fille.

— C’est pour ton bien, va, que je gronde, reprit Ovnikof en préparant une nouvelle potion.

Après avoir vu André se rendormir, Clélia consentit à aller se reposer un peu.

Lorsqu’elle s’éveilla quelques heures plus tard, la tête lourde et brisée de fatigue, on vint lui annoncer que le notaire et plusieurs autres personnes l’attendaient depuis longtemps.

— Allez prendre des nouvelles du blessé, répondit-elle.

La femme de chambre obéit.