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X


Vers le milieu de la nuit seulement, André recouvra un faible et confus sentiment de la vie. Il promena autour de la chambre ce regard vague et qui semble rêver, particulier à ceux qui sortent d’un long évanouissement. Il vit des tentures de satin pourpre luire sur les murailles, sur le sol un tapis épais plein de roses larges et sombres, au plafond des cygnes et des enfants nus se jouant parmi des nuées bleues.

En face de lui un homme, qu’il ne connaissait pas, sommeillait dans un fauteuil, la tête dans sa main. Il était légèrement chauve, ses sourcils touffus et ses favoris grisonnaient. André regardait sans comprendre, il lui était impossible de penser ; il lui semblait seulement qu’un poids énorme l’écrasait.