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LE CAPITAINE FRACASSE.

Sur la fin de cette scène Vallombreuse s’était éclipsé, mais il reparut bientôt suivi d’un laquais qui portait une boîte enveloppée d’une chemise en velours rouge.

« Ma petite sœur, dit-il à la jeune fiancée, voici mon présent de noces, » et il lui présenta la boîte. Sur le couvercle on lisait : « Pour Isabelle. » C’était l’écrin qu’il avait jadis offert à la comédienne et qu’elle avait vertueusement refusé. « Vous l’accepterez cette fois, ajouta-t-il avec un charmant sourire, empêchez ces diamants d’une eau magnifique et ces perles d’un orient parfait de faire une mauvaise fin. Qu’ils restent aussi purs que vous ! »

Isabelle, en souriant, prit un collier et le passa à son col, pour prouver à ces belles pierres qu’elle ne leur gardait pas rancune. Ensuite elle arrangea autour de son bras nacré un triple rang de perles, puis elle suspendit à ses oreilles de riches pendeloques.

Qu’ajouter à cela ? les huit jours passés, le chapelain de Vallombreuse unit Isabelle et Sigognac, à qui le marquis de Bruyères servait de témoin, dans la chapelle du château toute fleurie de bouquets, tout étincelante de cierges. Des musiciens amenés par le jeune duc chantèrent avec une voix qui semblait venir du ciel et y remonter un motet de Palestrina. Sigognac était radieux, Isabelle adorable sous ses longs voiles blancs, et jamais, à moins de le savoir, on n’eût pu soupçonner que cette belle personne si noble et si modeste à la fois, qui ressemblait à une princesse du sang, avait paru en des comédies, devant des chan-