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HYMEN, Ô HYMÉNÉE !
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pas toujours comme les têtes grises. Sondez votre cœur, examinez votre âme, et dites si vous acceptez monsieur le baron de Sigognac pour mari. Prenez votre temps ; en chose si grave, il ne faut point de hâte. »

Le sourire bienveillant et cordial du prince faisait bien voir qu’il badinait. Aussi Isabelle enhardie mit ses bras autour du col de son père et lui dit d’une voix adorablement câline : « Il n’est pas nécessaire de tant réfléchir. Puisque le baron de Sigognac vous agrée, mon seigneur et père, j’avouerai avec une libre et honnête franchise que je l’aime depuis que je l’ai vu et je n’ai jamais désiré d’autre époux. Vous obéir sera mon plus grand bonheur.

Eh bien, donnez-vous la main et embrassez-vous en signe de fiançailles, dit gaiement le duc de Vallombreuse. Le roman se termine mieux qu’on ne l’aurait pu croire d’après ses commencements embrouillés. À quand la noce ?

— Il faut bien, dit le prince, une huitaine de jours aux tailleurs pour couper et assembler les étoffes, autant aux carrossiers pour mettre en état les équipages ; en attendant, Isabelle, voici votre dot : la comté de Lineuil dont vous portez le titre et qui rend cinquante mille écus de rente avec ses bois, prés, étangs et terres labourables (et il lui tendit une liasse de papiers). Quant à vous, Sigognac, prenez cette ordonnance royale qui vous nomme gouverneur d’une province. Nul mieux que vous ne convient à cette place. »