Page:Gautier - Le capitaine Fracasse, tome 2.djvu/366

Cette page a été validée par deux contributeurs.
359
HYMEN, Ô HYMÉNÉE !

était un peu composée comme celle d’un homme qui attend une visite solennelle. La lumière, glissant sur son front en luisants satinés, y faisait briller comme des fils d’argent quelques cheveux détachés des boucles que le peigne du valet de chambre avait disposées au long de ses tempes. Son regard était doux, ferme et clair, et le temps qui avait laissé sur cette noble physionomie des traces de son passage, lui rendait en majesté ce qu’il lui dérobait en beauté. À l’aspect du prince, même eût-il été dénué des insignes de son rang, il était impossible de ne pas éprouver un sentiment de vénération. Le manant le plus inculte et le plus farouche eût reconnu en lui un vrai grand seigneur. Le prince se souleva sur son fauteuil pour répondre au salut de Sigognac et lui fit signe de s’asseoir.

« Monsieur mon père, dit Vallombreuse, je vous présente le baron de Sigognac, autrefois mon rival, maintenant mon ami, mon parent bientôt si vous y consentez. Je lui dois d’être sage. Ce n’est pas une mince obligation. Le Baron vient respectueusement vous faire une requête qu’il me serait bien doux de vous voir lui accorder. »

Le prince fit un geste d’acquiescement comme pour engager Sigognac à parler.

Encouragé de la sorte, le Baron se leva, s’inclina et dit : « Prince, je vous demande la main de madame la comtesse Isabelle de Lineuil, votre fille. »

Comme pour se donner le temps de la réflexion, le vieux seigneur garda quelques instants le silence, puis