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DÉCLARATION D’AMOUR DE CHIQUITA.

presque instantanée ; à peine Agostin eut-il le temps de dire : « Merci. »


Cuando esta vivora pica,
No hay remedio en la botica,


murmura l’enfant avec un éclat de rire sauvage et fou, en se précipitant à bas de l’échafaud, où l’exécuteur, stupéfait de l’aventure, abaissait sa barre inutile, incertain s’il devait briser les os d’un cadavre.

« Bien, Chiquita, très-bien ! » ne put s’empêcher de crier Malartic, qui l’avait reconnue sous ses habits de garçon.

Lampourde, Bringuenarilles, Piedgris, Tordgueule et les amis du Radis couronné, émerveillés de cette action, s’arrangèrent en haie compacte, de façon à empêcher les soldats de courir après Chiquita. Les disputes et les poussées, mêlées de horions, que fit naître cet embarras factice, donnèrent le temps à la petite de gagner le carrosse de Vallombreuse, arrêté au coin de la place. Elle grimpa sur le marchepied, et, s’accrochant des mains à la portière, elle reconnut Sigognac et lui dit d’une voix haletante : « J’ai sauvé Isabelle, sauve moi. »

Vallombreuse, que cette scène bizarre avait fort intéressé, cria au cocher : « À fond de train et passe, s’il le faut, sur le ventre de cette canaille. » Mais le cocher n’eut besoin d’écraser personne. La foule s’ouvrait avec empressement devant le carrosse et se re-