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XX

DÉCLARATION D’AMOUR DE CHIQUITA


Une foule compacte garnissait la place de Grève, malgré l’heure assez matinale encore que marquait le cadran de l’hôtel de ville. Les grands toits de Dominique Bocador se profilaient en gris violâtre sur un ciel d’un blanc laiteux. Leur ombre froide s’allongeait jusqu’au milieu de la place et enveloppait une charpente sinistre, dépassant d’un ou deux pieds le niveau des fronts, et barbouillée d’un rouge sanguinolent. Aux fenêtres des maisons quelques têtes paraissaient, qui rentraient aussitôt, voyant que le spectacle n’était pas commencé. Une vieille femme montra même sa face ridée à une lucarne de la tourelle située à l’angle de la place d’où la tradition veut que madame Marguerite ait contemplé le supplice de la Môle et de Coconnas : changement désastreux d’une belle reine en laide sorcière ! À la croix de pierre plantée au bord de la déclivité qui descend au fleuve, un enfant, se hissant à grand’peine, s’était suspendu, et il s’y tenait les bras passés au-dessus de la traverse, les genoux et les jambes enserrant la tige, dans une pose aussi pénible que celle du mauvais larron, mais qu’il n’eût pas quittée pour une fouace ou un chausson aux