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EN FAMILLE.

— Sous ce déguisement comique, sans être sorcier, je devine bien un petit brin d’amourette, dit le prince en souriant avec une maligne bonté ; mais ce ne sont point là mes affaires ; je connais assez votre vertu, et je ne m’alarme point de quelques soupirs discrets poussés à votre intention. Il n’y a pas assez longtemps d’ailleurs que je suis votre père, pour me permettre de vous sermonner. »

Pendant qu’il s’exprimait ainsi, Isabelle fixait sur le prince ses grands yeux bleus, où brillaient la plus pure innocence et la plus parfaite loyauté. La nuance rose dont le nom de Sigognac avait coloré son beau visage s’était dissipée ; sa physionomie n’offrait aucun signe de honte ou d’embarras. Dans son cœur le regard d’un père, le regard de Dieu même, n’eût rien trouvé de répréhensible.

L’entretien en était là quand l’élève de maître Laurent se fit annoncer ; il apportait un bulletin favorable de la santé de Vallombreuse. L’état du blessé était aussi satisfaisant que possible ; après la potion, une crise heureuse avait eu lieu, et le médecin répondait désormais de la vie du jeune duc. Sa guérison n’était plus qu’une affaire de temps.

À quelques jours de là, Vallombreuse, soutenu par deux ou trois oreillers, paré d’une chemise à collet en point de Venise, les cheveux séparés et remis en ordre, recevait dans son lit la visite de son fidèle ami le chevalier de Vidalinc, qu’on ne lui avait pas encore permis de voir. Le prince était assis dans la ruelle, regardant avec une profonde joie paternelle le visage