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MALARTIC À L’ŒUVRE.

une pour le voyage, l’autre pour la représentation, et la dernière pour le retour. Il y a au château un théâtre tout machiné où vous n’aurez qu’à poser vos décorations ; de plus, voici cent pistoles que le comte de Pommereuil m’a chargé de remettre entre vos mains pour les menus frais de déplacement ; vous en recevrez autant après la comédie, et les actrices auront sans doute quelque présent, bagues, épingles ou bracelets, à quoi est toujours sensible la coquetterie féminine. »

Joignant l’action aux paroles, l’intendant du comte de Pommereuil tira de sa poche une longue et pesante bourse, hydropique de monnaie, la pencha et en fit couler sur la table cent beaux écus neufs de l’éclat le plus engageant.

Le Tyran regardait ces pièces couchées les unes sur les autres, d’un air de satisfaction, en caressant sa large barbe noire. Quand il les eut assez contemplées, il les releva, les mit en pile, puis les jeta dans son gousset avec un geste d’acquiescement.

« Ainsi donc, dit l’intendant, vous acceptez, et je puis dire à mon maître que vous vous rendrez à son appel.

— Je suis à la disposition de Sa Seigneurie avec tous mes camarades, répondit Hérode ; maintenant désignez-moi le jour où doit avoir lieu la représentation et la pièce que M. le comte désire, afin que nous emportions les costumes et les accessoires nécessaires.

— Il serait bon, répondit l’intendant, que ce fût jeudi, car l’impatience de mon maître est grande ;