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IX

COUPS D’ÉPÉE, COUPS DE BÂTON

ET AUTRES AVENTURES.



La répétition était finie. Retirés dans leurs loges, les comédiens se déshabillaient et prenaient leurs habits de ville. Sigognac en fit autant, mais il garda, s’attendant à quelque assaut, son épée de Matamore. C’était une bonne vieille lame espagnole, longue comme un jour sans pain, avec une coquille de fer ouvragé qui enveloppait bien le poignet, et qui, maniée par un homme de cœur, pouvait parer des coups et en porter de solides, sinon de mortels, car elle était épointée et mousse selon l’usage des gens de théâtre, mais cela suffisait bien pour la valetaille que le duc avait chargée de sa vengeance.

Hérode, robuste compagnon aux larges épaules, avait emporté le bâton qui lui servait à frapper les levers de rideau, et avec cette espèce de massue, qu’il manœuvrait comme si c’eût été un fétu de paille, il se promettait de faire rage contre les marauds qui attaqueraient Sigognac, cela n’étant pas dans son caractère de laisser ses amis en péril.

« Capitaine, dit-il au Baron, lorsqu’ils se trouvèrent