valeur du vin qu’il servait, lequel était réellement fort bon et plus digne d’une table royale que d’un cabaret.
Il allait se retirer quand Vallombreuse d’un clin d’œil mystérieux l’arrêta sur le seuil :
« Maître Bilot, lui dit-il, prenez un verre au dressoir et buvez à ma santé une rasade de ce vin. »
Le ton n’admettait pas de réplique, et d’ailleurs Bilot ne se faisait pas prier pour aider un hôte à consommer les trésors de son cellier. Il éleva son verre en saluant et en vida le contenu jusqu’à la dernière perle. « Bon vin, » dit-il avec un friand clappement de langue contre le palais, puis il resta debout la main appuyée au rebord de la table, les yeux fixés sur le duc, attendant ce qu’on voulait de lui.
« As-tu beaucoup de monde dans ton auberge ? dit Vallombreuse, et de quelle sorte ?… » Bilot allait répondre, mais le jeune duc prévint la phrase de l’hôtelier et continua. « À quoi bon finasser avec un vieux mécréant tel que toi ? Quelle est la femme qui habite cette chambre dont la fenêtre donne sur la ruelle en face l’hôtel Vallombreuse, la troisième croisée en partant de l’angle du mur ? Réponds vite, tu auras une pièce d’or par syllabe.
— À ce prix, dit Bilot avec un large rire, il faudrait être bien vertueux pour employer le style laconique tant estimé des anciens. Cependant comme je suis tout dévoué à Votre Seigneurie, je n’userai que d’un seul mot : Isabelle !
— Isabelle ! nom charmant et romanesque, dit Vallombreuse ; mais n’use pas de cette sobriété lacédé-