— On en voit la plume, interrompit Blazius ; ô jour trois et quatre fois heureux, notable à la craie blanche ! C’est bien la señora Zerbine elle-même ; elle saute à bas de sa monture avec ce mouvement coquin de hanches qui n’appartient qu’à elle et jette sa mante au bras du laquais. La voilà qui ôte son feutre et secoue ses cheveux comme un oiseau ses plumes. Allons au-devant d’elle et dégringolons les montées quatre à quatre. »
Blazius et le Tyran descendirent dans la cour et rencontrèrent Zerbine au bas du perron. La joyeuse fille sauta au col du Pédant et lui prenant la tête :
« Il faut, s’écria-t-elle en joignant l’action à la parole, que je t’accole et baise ton vieux masque à pleine bouche avec le même cœur que si tu étais un joli garçon, pour la joie que j’ai de te revoir. Ne sois pas jaloux, Hérode, et ne fronce pas tes gros sourcils noirs comme si tu allais ordonner le massacre des Innocents. Je vais t’embrasser aussi. J’ai commencé par Blazius parce que c’est le plus laid. »
Zerbine accomplit loyalement sa promesse, car c’était une fille de parole et qui avait de la probité à sa manière. Donnant une main à chacun des deux acteurs, elle monta dans la galerie où maître Bilot lui fit préparer une chambre. À peine entrée, elle se jeta sur un fauteuil et se mit à respirer bruyamment comme une personne débarrassée d’un grand poids.
« Vous ne sauriez imaginer, dit-elle aux deux comédiens, après un moment de silence, le plaisir que j’éprouve à me retrouver avec vous ; n’allez pas croire