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EFFET DE NEIGE.

nois fripon ; mais dame Léonarde a du comique et connaît à fond les tréteaux. Nous nous en tirerons tout de même. »

La charrette se remit en marche d’une allure un peu plus vive que celle du char à bœufs. Elle traversait un pays qui contrastait par son aspect avec la physionomie des landes. Aux sables blancs avaient succédé des terrains rougeâtres fournissant plus de sucs nourriciers à la végétation. Des maisons de pierre, annonçant quelque aisance, apparaissaient çà et là, entourées de jardins clos par des haies vives déjà effeuillées où rougissait le bouton de l’églantier sauvage, et bleuissait la baie de la prunelle. Au bord de la route, des arbres d’une belle venue dressaient leurs troncs vigoureux et tendaient leurs fortes branches dont la dépouille jaunie tachetait l’herbe alentour ou courait au caprice de la brise devant Isabelle et Sigognac, qui, fatigués de la pose contrainte qu’ils étaient obligés de garder dans la voiture, se délassaient en marchant un peu à pied. Le Matamore avait pris l’avance, et dans la rougeur du soir on l’apercevait sur la crête de la montée dessinant en lignes sombres son frêle squelette qui, de loin, semblait embroché dans sa rapière.

« Comment se fait-il, disait tout en marchant Sigognac à Isabelle, que vous qui avez toutes les façons d’une demoiselle de haut lignage par la modestie de votre conduite, la sagesse de vos paroles et le bon choix des termes, vous soyez ainsi attachée à cette troupe errante de comédiens, braves gens, sans doute, mais non de même race et acabit que vous ?