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lui, des adolescents, ses compagnons : Abraham de Nazareth et Godescaut de Tuchorit.

Sybille était revêtue d’une robe magnifique en soie de Chine brochée d’argent, de ce tissu rare et précieux que l’on appelait « nacco » ; des cordons de perles et de turquoises s’enroulaient à ses longues tresses, et un voile aérien était attaché à sa légère couronne d’or, ornée de topazes.

Tout de suite son regard chercha Hugues de Césarée, et elle eut un choc au cœur en s’apercevant qu’il ne portait pas le gage qu’elle lui avait envoyé. Son œil bleu devint dur et cruel sous son sourcil froncé ; mais elle retint mal un cri de colère quand parut Homphroy du Toron, précédant l’ambassadeur et qu’elle reconnut, attachée à son épaule, la manche de soie couleur d’azur.

Un grand mouvement de houle agita les assistants, qui se poussaient, se haussaient les uns derrière les autres, pour apercevoir un instant l’envoyé du Vieux de la Montagne. Un diamant énorme flambait à son turban de mousseline lamée d’or, au-dessus de longs sourcils, de joues brunes et d’une barbe d’un noir bleu ; c’était tout ce que distinguaient ceux qui n’étaient pas au premier