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aimait, car leur fidélité et leur dévouement étaient solides ; ils prenaient part à toutes les expéditions militaires, dans lesquelles ils avaient plusieurs fois conquis de la gloire, tellement que les nobles francs ne dédaignaient pas de s’allier à eux. On voyait encore des Géorgiens, aux beaux traits purs, au teint lumineux ; des Grecs schismatiques, reconnaissables à leur haut bonnet pourpre, et un grand nombre d’Arabes, sujets des Francs, mais restés musulmans, qui ne différaient guère, dans leur aspect, des Syriens chrétiens.

À travers la foule, des moines et des nonnes de différents ordres, vêtus de bleu, de noir, de blanc, de gris ou de brun, se faisaient faire place, et ça et là se montraient quelques Bédouins du désert, qui, moyennant un droit de pacage, étaient venus faire paître leurs chameaux au creux des vallées voisines. Curieux de voir l’illustre ville, ils y étaient entrés, après s’être bouché le nez avec un peu d’étoupe, pour éviter les miasmes, et, très étranges dans leurs longues abâyes en poil de chameau, ils s’empêtraient dans la cohue et cherchaient à se dégager, avec de grands mouvements désordonnés d’oiseaux mis en cage.