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Plus loin, il entra dans une rucllo, en souvenir de la rencontre de Jésus avec sa mère désolée. Puis il gagna la rue du Saint-Sépulcre, à l’entrée de laquelle Simon le Cyrénéen fut requis pour porter la croix du Christ.

Les rues étaient toujours étroites, inégales, coupées d’escaliers et de ravins. L’écuyer, qui, sous sa charge, buttait souvent, maugréait, et s’étonnait tout bas que le Seigneur, qui eût pu choisir pour y vivre le plus beau pays du monde, eût élu de préférence cette vilaine et sombre cité et il fredonnait la chanson, composée jadis, sur pareil sujet, par Robert le Frison.


Pourquoi s’hébergea-t-il en cette Sinaïe ? …
Ce devrait être ici bonne terre bénie ;
Encens y devrait croître, et l’or, et la rubie,
La myrrhe et le gingembre et la rose florie,

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ah ! mieux j’aime d’Arras la grand châlellenie !


À une centaine de pas plus avant dans la même voie, à l’endroit où une voûte enjambe la rue, un fragment de colonne, encastré dans le pavé, indique la place où s’élevait la maison de Véronique. C’est là que la pieuse femme vint essuyer le visage, tout couvert de sang et de poussière, du divin con-