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tellement confus et embrouillé que je ne suis pas capable de l’expliquer clairement. Dis ce que tu sais, Guillaume.

— Sire, tout cela est fort mystérieux, et je n’affirmerai rien. Ceux que les Sarrasins, aussi bien que les nôtres, sans que nous sachions d’où ils ont tiré ce nom, appellent les « Assassins », forment une secte qui fut d’abord réputée la plus dévote aux lois de Mahomet, et, pendant quatre cents ans, ils passèrent pour les seuls vrais observateurs de ladite loi.

En ces derniers temps, la bonne fortune voulut qu’un homme savant, éloquent et d’un esprit merveilleusement vif et subtil, fût élu pour leur grand-maître et seigneur. Celui-ci eut l’idée de s’adonner à la lecture des saints et sacrés évangiles et des épîtres de saint Paul et autres apôtres. Il apprit si bien les commandements de Jésus-Christ et la doctrine apostolique que, comparant cette douce et honnête loi de Jésus avec celle que le misérable séducteur Mahomet avait donnée à ses complices, il commença à prendre en mépris et à détester l’immondice et la vilenie du susdit séducteur. Alors, il jeta à terre les oratoires desquels il avait usé jusque-là, dispensa son