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On était arrivé au camp. Amaury mit pied à terre, et, tout aussitôt, Hugues de Césarée s’avança vers lui, suivi du vieillard inconnu.

— Qu’y a-t-il, chevalier ? dit le roi. Vous semblez désirer audience.

— Sire, répondit Hugues, cet étranger venu de loin demande à vous entretenir sur l’heure et secrètement.

Amaury fit un pas vers le vieillard.

— Dieu te garde, mon hôte, dit-il. Que veux-tu de moi ?

L’inconnu, en voyant le roi, avait pâli et dardé sur lui un farouche regard. Il balbutia :

— Avec toi soit le salut, noble Franc.

— Tu parais douloureusement ému, dit Amaury, qui vit ce trouble. Parle, ne crains rien.

Mais l’autre baissa la tête et murmura comme pour lui-même :

— Le saint Qorân nous l’enseigne : le paradis est à ceux qui pardonnent.

— J’attends, dit le roi, les sourcils froncés.

Alors le vieillard se rapprocha, baissa la voix :

— Roi chrétien, te souviens-tu de la musulmane Zobeïde, fille du prince de Hama ?

Amaury, pâle à son tour, eut un cri de sur-