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La voyant solidement établie, il songea à châtier ceux qui avaient voulu lui nuire et il institua le corps des Fidawis (les fidèles). C’étaient de jeunes hommes, dévoués jusqu’à la mort, la désirant même avec ardeur, car elle était, pour eux, la porte d’un paradis de volupté, dont leur maître, déjà sur cette terre, leur avait par sa magie fait goûter les délices. Ils obéissaient aveuglément ; armés du poignard empoisonné, implacables, invincibles à force de témérité, ils frappaient les victimes désignées, sans colère comme sans pitié.

Après Hassan ben Sabbah, trois Grands Maîtres se succédèrent à Alamout, toujours soumis aux pontifes du Caire, jusqu’au jour où un des Grands Maîtres, Hassan ben Mohammed, sentit en lui la présence divine et se déclara l’iman, le khâlîfe de Dieu sur la terre.

Cet Hassan ben Mohammed était le compagnon d’étude de Raschid ed-Din, et, dès qu’il fut au pouvoir, il investit son jeune ami de la dignité de Grand Maître des Ismaïliens de Syrie, où, depuis longtemps, le grand maître de Perse avait un mandataire.

Raschid entra alors en Syrie, secrètement, et vint s’établir dans les monts de l’Anti-Liban, aux