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Hugues, à la fin, s’assoupissait. Homphroy se tut, et il allait s’endormir à son tour, quand un cri terrible, parti du centre du camp, le fit bondir à bas de son lit et s’élancer hors de la tente.

Il se heurta à des gens demi-nus, éveillés comme lui et affolés par ce cri. On courait de-ci de-là, s’interrogeant :

— Quoi ? Qu’y a-t-il ? Ce cri !…

— J’en suis tout tremblant !

— Qui a crié ?

— C’est chez le roi !

— Que Dieu nous assiste !

— Oui, oui, c’était la voix du roi !

— Courons…

Devant la tente royale, en effet, des lumières s’assemblaient. Tout à coup, le roi parut, en vêtement de nuit, très pâle, tremblant d’émotion et de colère. Il tenait à la raain un poignard.

— Voilà comment on veille ! dit-il d’une voix altérée ; c’est ainsi que l’on garde le roi ! Fouillez la tente. Quelqu’un y est entré, et vous l’avez laissé faire.

Sybille accourut, ses beaux cheveux blonds épars sur sa tunique blanche. Elle se jeta dans les bras du roi.