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LE COLLIER DES JOURS

et l’on continuerait le voyage en bateau à vapeur.

Pendant longtemps on côtoya un lac, très bleu entre ses rives vertes, c’est tout ce que j’ai pu retenir ; puis on s’arrêta devant une maison très banale qui bordait le chemin. Où était-ce ? je ne sais pas… une étude récente du Bædeker me fait supposer que cet endroit s’appelait Brunnen. De l’autre côté de la route, c’était le lac ; et l’embarcadère des bateaux faisait presque face à la maison.

Rien n’indiquait une auberge, mais le Maître connaissait les êtres, et, tandis que nous gagnions, au premier étage, une chambre, meublée seulement d’une table ronde, de quelques chaises et d’un vieux piano, il alla conférer avec le propriétaire et combiner le menu.

Il revint triomphant et s’écria :

— Nous aurons un druide de l’ancienne Gaule !

Le sens de ce terrible calembour ne fut pas tout de suite saisi ; le fou rire nous tint longtemps quand nous eûmes compris qu’il s’agissait d’une truite !

Deux fenêtres de la pièce où nous étions faisaient face au lac ; une troisième, latérale,