Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/77

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




XVII



Le Maître me demande si je connais la marche militaire qu’il a dédiée au roi de Bavière. Il a sur son piano un exemplaire du morceau à quatre mains.

— Jouons-le, dit-il, mais je vous préviens que je joue très mal du piano.

Et moi donc !

Mais j’ai le sentiment qu’il ne faut pas me dérober, que cette minute rare, unique, doit à tout prix, s’enchâsser dans ma mémoire : jouer, à quatre mains, avec Richard Wagner, ne fût-ce que quelques mesures !

Il a pris la partie haute. C’est encore plus difficile pour moi, la basse !… Mais tant pis : je m’assieds bravement sur le tabouret, bien résolue à toute la tension d’esprit, à tout l’effort dont je suis capable.