Page:Gautier - Le Troisième Rang du collier, 4e éd.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
47
LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

s’agite et salue le vainqueur : Villiers a fait mouche !…

On l’entraîne. Des êtres munis de formidables trombones surgissent et, sur deux files, lui font cortège : à leurs joues qui se gonflent et s’empourprent on devine, plutôt qu’on ne l’entend, une triomphale fanfare.

On s’arrête devant un kiosque peinturluré, entouré de vitrines, où s’étalent les objets offerts comme prix aux plus habiles tireurs.

Il y a un portrait de Garibaldi, encadré ; une paire de lunettes d’or ; un couvert d’argent ; une collection de pièces de cent sous à l’effigie de Louis-Philippe, disposées en forme d’étoile dans un écrin, — et beaucoup d’autres merveilles, parmi lesquelles Villiers n’a qu’à choisir, mais, suffoqué par le fou rire, il n’arrive pas à se décider… Enfin il décroche un collier en corail, et le fourre dans sa poche, tandis qu’on fixe à son chapeau une médaille commémorative, qui luit au milieu d’un flot de rubans.

Le triomphateur voudrait se dérober, mais le cercle des joueurs de trombone l’enserre et il faut aller à un pavillon consacré à Bacchus, où un commissaire de la fête, monté sur une table, lui tend solennellement la coupe glo-