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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

de ce cabinet de travail, de ce sanctuaire, dans lequel je n’osais pas pénétrer, considérant le piano, les feuillets épars, où l’encre n’était pas séchée, me sentant troublée au dernier point par les détails humains de ce qui était pour moi si évidemment surhumain. Et je fus oppressée, jusqu’à perdre le souffle, d’entendre, tout à coup, à quelques pas de moi, sonner la voix et le rire de celui qui m’apparaissait, dans la perspective des siècles, auprès d’Homère, d’Eschyle, de Shakespeare, de celui que j’aurais élu encore au milieu des plus grands !…

— Comme vous êtes enthousiaste ! s’écria-t-il : il ne faut pas l’être trop, car cela nuit à la santé !

Il voulait plaisanter, mais la lumière attendrie de ses yeux me disait assez ce que voilait son rire.