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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

Wagner, — une phrase de la lettre qu’il m’avait écrite à propos des Maîtres Chanteurs : « Mon barbier me disait, l’autre jour, que ce morceau lui avait plu de préférence… » Les barbiers lucernois étaient donc wagnériens ?… Alors on pouvait causer : sans hésiter, Villiers entama avec M. Frey une dissertation sur la musique de l’avenir.

Le Figaro suisse s’en tira de son mieux, et, la causerie s’étant prolongée, Villiers sortit de l’officine frisé menu comme un bonnet d’astrakan.

Ainsi accommodé, il me rejoignit sur le quai, au bord du lac, et, pour user notre impatience, nous nous mîmes à rôder entre les ballots et les paquets de cordages.

Mon compagnon fredonnait un motif de l’ouverture des Maîtres Chanteurs, qui l’enthousiasmait de plus en plus. Il insistait pour me décider à chantonner, en même temps que lui, le second motif qui se combine avec le premier.

— En pleine rue, comme cela ?… On va nous jeter deux sous !… Écartons-nous au moins des passants.

Et nous voici enjambant des madriers, des matériaux de construction, pour gagner un coin désert.