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LE COLLIER DES JOURS

divan de damas pourpre s’adosse à la muraille, et des fauteuils moelleux et commodes se groupent ça et là.

— Venez voir ma galerie ! dit Wagner, avec un sourire qui raille ce titre ambitieux.

Une large baie fait communiquer le salon avec une pièce étroite et longue, toute tendue de velours violet, sur lequel s’enlève la douce blancheur de statuettes en marbre. Ce sont les héros des œuvres du Maître : Tannhäuser faisant vibrer la lyre et entonnant l’hymne passionnée qui glorifie Venus ; Lohengrin, pareil à un archange, tirant son épée pour défendre l’innocence ; le chevalier Tristan, qui croit boire la mort et vide la coupe où bouillonne le philtre d’amour ; Walther du Pré des Oiseaux, et le dernier-né, le jeune et téméraire Siegfried, tenant entre ses doigts l’anneau fatal !…

Des panneaux, don du roi Louis de Bavière, retracent quelques scènes des Nibelungen. Dans une niche, un bouddha doré, puis des brûle-parfums chinois, des coupes ciselées, toutes sortes d’objets précieux et rares. Dans un coin, deux guéridons recouverts de vitres qui protègent des essaims de papillons magnifiques, aux grandes ailes d’azur et de pourpre.