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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

à des splendeurs, l’Hôtel du Lac vous plaira. J’y ai retenu des chambres.

Et il m’entraîna, d’un pas rapide, hors de la gare.

En route, il s’arrêta, un moment, me regarda profondément, et me dit, avec une expression grave et émue :

— C’est un bien noble sentiment qui nous lie, madame !…

L’hôtel était tout proche de la gare. En y arrivant, le Maître nous recommanda à l’hôtelier, puis il s’écria, d’un air enjoué :

— Maintenant je vais me préparer à vous recevoir : sans cela, je ne ferais que des bêtises… Vous allez venir tout de suite à Tribschen, n’est-ce pas, aussitôt que vous serez un peu reposés ? Par le lac, c’est le plus commode…

Se préparer à nous recevoir !…

Du haut de la fenêtre, nous le regardions, maintenant, s’éloigner d’une allure hâtive, traverser le vieux pont de Lucerne, gagner le quai, prendre une barque…

Nous le suivions des yeux, sans mot dire, gardant une même expression béate sur nos figures… Puis, quand il eut disparu, vite, vite, à notre toilette !… Nous n’allions pas le faire attendre.