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LE COLLIER DES JOURS

que chose de collectif qui dispenserait un peu de causer pendant cette soirée.

— Justement ! Mais quoi ?…

— On peut faire de la musique.

— Wagner ne voudra pas. Je le connais : dans des circonstances pareilles, il ne sait pas du tout se dominer ; il va s’énerver et perdre sa bonne humeur.

— Non, non, pas cela ! m’écriai-je, il faut absolument trouver quelque chose.

— Ah oui ! tirez-nous de peine, si c’est possible, mais ne comptez pas sur moi. Je me sens complètement incapable d’avoir la moindre idée divertissante.

J’apercevais au loin Servais avec Richter, tout près du lac, sous le petit auvent du débarcadère : ils jetaient des morceaux de bois dans l’eau, pour entraîner Russ et Cos à prendre leur bain.

— Je crois qu’une lueur point dans mon cerveau, dis-je à Cosima ; attendez-moi là.

— Et j’allai rejoindre, en courant, les deux jeunes hommes, au bord du lac.

— Mes amis, leur dis-je, dans une circonstance délicate, vous sentez-vous de force à être extraordinaires, grandioses, héroïques ?…