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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

— Ah ! vous voilà enfin ! s’écrie-t-il, en descendant en hâte les marches. Sans rien savoir, je vous attendais aujourd’hui !

Et on s’embrasse, non pas, ainsi que le proclame Cosima, comme des gens du monde, mais comme des pauvres.

Que de choses à nous raconter, à nous redire, plutôt que ce cauchemar de l’Or du Rhin, qui recommence quand on le croit fini et n’est pas encore au bout !

— Vous devinez, me dit Cosima, le mélange de terreur et de joie qui me bouleversa, quand, deux jours après le départ du maître, je reçus la dépêche qui m’annonçait son retour subit. Je l’attendais à la gare, avec les quatre enfants et les deux chiens. En voyant son air radieux, je fus tout de suite rassurée, et, à l’idée que je suis pour quelque chose dans la sérénité qu’il peut garder à travers toutes les peines, je me sens heureuse autant que fière. Les quelques moments de défaillance et d’énervement, qu’il a subis ne reviendront plus et Tribschen restera le paradis que vous savez.

On a eu tout de même une satisfaction, en ces jours troublés : la réconciliation avec Liszt, ou plutôt la fin d’un malentendu… Cosima