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LE COLLIER DES JOURS

magnifique portrait de François Ier, par le Titien.

Ce que j’avais à lui dire était ceci :

— Il faut absolument que vous fassiez le portrait de Richard Wagner, car il est vraiment honteux pour l’Allemagne qu’aucun artiste de valeur ne l’ait encore essayé. C’est madame Cosima qui vous en fait la commande et vous laisse la liberté d’en fixer le prix.

— Avec le plus grand plaisir, je ferai cette œuvre, dit Lenbach, et je n’en veux d’autre prix que l’honneur, si je le réussis.

— Voilà qui est digne de vous, dis-je en lui tendant la main, mais Cosima ne l’entendra, sans doute, pas ainsi : vous discuterez cela avec elle.

Il y a un portrait que j’aimerais aussi beaucoup à faire, c’est le vôtre.

— Mon portrait !… vous trouveriez le temps ?

— Le plus tôt possible, je vous en prie.

Ô insouciante jeunesse ! plusieurs fois Lenbach me reparla de ce portrait, mais cela m’ennuyait de poser et j’éludais les rendez-vous.

J’en suis assez punie aujourd’hui par de cuisants regrets.