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LE TROISIÈME RANG DU COLLIER

chantée à l’envi, la comtesse de Kalergis, devenue comtesse Muchanoff, — la Symphonie en blanc majeur enfin ! — Je ne la vois encore que de dos, là-bas, de l’autre côté du grand piano ; on s’empresse autour d’elle et elle serre des mains tendues. Elle est grande, une écharpe de mousseline couvre ses épaules, des cheveux blond pâle ondoient sur sa nuque… Je me redis tout bas des fragments du célèbre poème qui fut inspiré par elle à mon père, il y a longtemps :

Conviant la vue enivrée
De sa boréale fraîcheur
À des régals de chair nacrée,
À des débauches de blancheur,

Son sein, neige moulée en globe,
Contre les camélias blancs
Et le blanc satin de sa robe
Soutient des combats insolents.

Dans ces grandes batailles blanches,
Satins et fleurs ont le dessous,
Et, sans demander leurs revanches,
Jaunissent comme des jaloux.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

De quel mica de neige vierge,
De quelle moelle de roseau,
De quelle hostie et de quel cierge
A-t-on fait le blanc de sa peau ?…