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XXIX



Comme il faisait beau et très chaud, madame Cosima prenait un bain, dans le lac, avec ses fillettes, presque chaque jour, et j’étais invitée à partager ce frais délassement.

Sous l’ombre projetée par le petit hangar du débarcadère, qui fonçait un peu le bleu de l’eau limpide, on s’ébattait prudemment. Madame Cosima et les enfants portaient de longs peignoirs blancs ; elle, ses cheveux blonds tressés et pendants, semblait une sainte au milieu d’angelets, ou bien un cygne guidant sa couvée. J’étais, moi, en costume de bain, et, hors des limites prescrites, je m’aventurais dans l’azur plus clair, dans les dorures de soleil, faisant des effets de coupe, très flattée de l’admiration que mon habileté et mon audace de nageuse provoquaient chez celles qui ne pouvaient pas quitter