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le second rang du collier

plète abnégation de « Bœuf en Chambre ». Il a des préjugés : par exemple, il entend dormir la nuit, et ne retrouve pas ses idées nettes, quand on l’éveille en sursaut. Aussi, c’est toujours dans la chambre d’Olivier que je m’aventurais, vers quatre heures du matin, quand j’avais assez du sommeil. J’entrais doucement, j’allais poser mon bougeoir sur la table de nuit ; puis je m’asseyais au pied du lit. Après quelques minutes, la lumière avertissait le dormeur de ma présence. Il ouvrait les yeux ; et, tout de suite, sa figure s’éclairait d’un bon sourire. Alors, je lui posais une question comme celle-ci : « Que pensez-vous de l’admirable torse de la Niobé ? » Sans aucune surprise, et sans hésitation, il me disait ce qu’il en pensait, et, plus éveillé qu’un émerillon, écoutait avec un vif intérêt les choses, très bien, les thèmes ingénieux, que je développais sur le sujet… Te voilà renseignée maintenant. Tu ne me regarderas plus, comme tu l’as fait tout à l’heure, avec des yeux écarquillés, qui semblaient demander s’il était urgent de me faire traverser la rue, pour m’interner chez le docteur Pinel, quand je te disais que Gustave Claudin est le paysage de Saint-Victor…



Un jour de mai, nous étions dans le jardin, mon père, ma sœur et moi, assis au bord de la pelouse :