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le second rang du collier

laisser tomber en désuétude une servitude ancienne et bienfaisante !



— Un nouveau livre d’Edgar Poë, qui vient de paraître !… un livre pour toi, car c’est de la cosmogonie transcendentale.

Et mon père me tend le volume d’Eurêka, traduit par Charles Baudelaire.

— C’est beau ?

— Ma foi, cela me semble un peu aride et compliqué. L’ouvrage est d’une lecture laborieuse et je ne suis pas bien sûr de l’avoir compris. Je compte sur toi pour me l’expliquer.

— Oh ! père ! toi, mon professeur d’astronomie !…

— Je t’en ai enseigné les rudiments et il y a longtemps que tu m’as dépassé. Voyons, sois gentille, lis le livre, attentivement, et écris-en une analyse détaillée ; tâche de faire un article. Tu peux bien essayer cela, pour moi.

Soit ! C’est un devoir qu’il me donne. Je le ferai, de mon mieux, pour lui être agréable.

Je me mets à lire. Le livre est terrible, mais il me passionne, et, la semaine suivante, l’article est fait. Mon père le prend et l’emporte.

Le temps passe et mon père ne me dit rien : je crois qu’il l’a oublié, perdu, ou, peut-être, trouvé