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le second rang du collier

près de chez nous. Munis d’énormes miches de pain, nous visitions nos amis les hémiones, les zébus, les lamas, qui crachent au nez de ceux qui leur déplaisent, les grues couronnées du Sénégal, l’agami, qui fait si drôlement la police des poulaillers, et surtout les kanguroos, si amusants par leur saut ridicule et le fauteuil pliant que forment leurs pattes de derrière.

Jamais nous ne manquions d’aller faire un tour à l’aquarium, auquel Théophile Gautier s’intéressait spécialement, pour voir s’il n’avait pas quelque nouvel hôte. L’apparition des hippocampes, ces délicieux petits chevaux ailés qui semblaient des Pégases en miniature, nous avait enthousiasmés.

Quand cet aquarium avait été inauguré, mon père avait écrit à ce propos un article qui lui avait valu ses entrées permanentes au Jardin, — à lui, a sa famille et à tous ceux qui se présentaient en sa compagnie.

Cet article n’a jamais été recueilli, pas plus que tant de pages remarquables : au moins de quoi faire vingt volumes compacts. J’ai eu grand plaisir à le retrouver et à le relire. On m’accordera que c’est un « reportage », ou même une « variété » scientifique, de qualité peu ordinaire :


La vie mystérieuse qui fourmille sous les eaux semblait devoir rester impénétrable pour l’homme : vie immense, profonde, inépuisable, multiple d’une étrangeté de formes, d’une bizarrerie d’habitudes, qui étonnent l’imagination la