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il amassait des documents. Mais le titre de l’œuvre était autre, alors ; il voulait l’appeler : Mémoires de Deux Cloportes.

Le désir de faire représenter une féerie satirique et philosophique le hantait et il nous en parlait souvent. En collaboration avec Bouilhet, il avait écrit le Château des Cœurs, grande féerie moderne qu’il ne parvint jamais à faire jouer sur un théâtre[1]. C’est là que l’on aurait vu, à travers les maisons transparentes d’une place de Paris, dans des logements identiques, des bourgeois, tous pareils, dînant en famille, à la même heure, et disant les mêmes lieux communs, avec les mêmes gestes, tous à la fois, et comme d’une seule voix. Flaubert croyait à un effet de comique sinistre.

Une autre pièce, dont il nous contait le scénario, n’a jamais, à ce qu’il semble, été écrite. Elle était intitulée : Le Phoque par Amour.

Dans une petite ville de Normandie, un jeune homme, pauvre, s’éprend follement de la fille d’un châtelain voisin, aussi belle que riche. Il tente de vains efforts pour s’approcher d’elle et lui faire, au moins, l’aveu de son amour, avant de se débarrasser d’une vie inutile, puisqu’elle est sans espoir.

Arrive l’époque de la foire de l’endroit. L’amoureux, toujours aux aguets, remarque que sa bien-aimée prend plaisir à visiter les baraques et vient

  1. Cette féerie a été publiée depuis, par Émile Bergerat, dans la Vie moderne.