Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/261

Cette page a été validée par deux contributeurs.
253
le second rang du collier

Madarasz nous avait promis, aussitôt le portrait de Myrza terminé, d’illustrer les vitres de notre chambre par un procédé qui produisait de très jolis effets. Un fort beau vitrail, ayant servi de modèle à celui commandé par le Sultan pour un de ses kiosques d’été, offert ensuite à mon père par les artistes qui l’avaient peint, ornait notre salon depuis quelque temps : il était placé au-dessus de la cheminée, couvrant la glace sans tain qui donnait sur la cour. Le dessin figurait un léger portique ; deux colonnettes, rouges et jaunes, portaient l’arceau découpé et, au centre, dans un disque pourpre, transparaissait, couleur d’or, le nom de Théophile Gautier, écrit en caractères turcs.

Les métamorphoses de la lumière à travers ces teintes de pierreries communiquaient au salon un aspect mystérieux, un recueillement, une somptuosité, qui nous charmaient ; nous aurions voulu quelque chose d’analogue, et voilà que Madarasz, précisément, pouvait réaliser une adroite imitation de vitraux !

La fenêtre de notre chambrette était juste au-dessus de la glace sans tain du salon, tout près de l’angle formé par la maison et le grand mur tapissé de lierre ; des branches s’étaient allongées, tapissaient le coin de la maison et encadraient notre fenêtre : c’était pittoresque et romantique, mais cela nous prenait du jour. Quand les nuances du prisme eurent fleuri les vitres, on n’y voyait plus