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le second rang du collier

pelouses resplendissaient : l’on avait un désir intense de fouler ce velours lumineux, de courir vers ces lointains féeriques. L’eau clapoteuse jouait avec les teintes exquises, que le ciel lui jette à cette heure-là.

Dardenne de la Grangerie était enthousiasmé :

— Ah ! qu’il ferait bon, s’écriait-il, se baigner dans cette eau, et dîner, ensuite, sur l’herbe dans cette île déserte et charmante !… Eh bien ! pourquoi ne le ferions-nous pas ?… Si Théophile Gautier voulait la lui demander, Rothschild ne refuserait certainement pas la permission de le laisser aborder quelquefois dans son île avec des amis… Le voulez-vous, maître ?… Je me chargerai, moi, de toutes les démarches. J’irai porter la parole en votre nom et vous n’aurez qu’un mot de remerciement à écrire, quand l’affaire sera faite.

Ce projet nous séduisait tous. Théophile Gautier se laissa convaincre, et donna mission, à Dardenne de la Grangerie, d’aller de sa part solliciter M. de Rothschild.

On débarqua, en attendant, à la hauteur du jardin. Les rameurs, chargés de ramener les bateaux au pont de Neuilly, où on les avait loués, devaient dire au cocher du général, qu’ils trouveraient là, de conduire la voiture au 32 de la rue de Longchamp.

Le général me poursuivait de ses regards suppliants, et, maintenant que nous n’étions plus sé-