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le second rang du collier

planchettes… Un temps clair et ensoleillé nous favorisait, on s’amusait follement ; mais rien ne valait le spectacle de Théophile Gautier, assis dans ce baquet, semblant faire corps avec lui, grave, imperturbable, pareil à une idole hindoue et qui glissait sur la pente en tournoyant lentement.

Tant qu’il faisait jour, nous ne pouvions pas nous arracher de là, et cette frénésie dura presque une quinzaine. Mais un soir la glace craqua, se fêla d’un bout à l’autre, le dégel disloqua tout ; puis la terre but cette eau, et le jardin réapparut, noir, vaseux, raviné, abominable !…

Alors le dos voûté du père Husson s’arrondit, entre les bras de sa brouette, et le brave jardinier, armé de la pelle et du râteau, commença à réparer, méthodiquement, le désastre.



La rue de Longchamp, comme son nom le proclame, aboutit au fameux champ de courses.

Mon père recevait des cartes, donnant accès dans les tribunes et nous allions, quelquefois, voir courir, sans prendre un bien vif intérêt à ce genre de sport. Le grouillement de la foule élégante sur les pelouses, la cohue des équipages, scintillant au soleil, nous amusaient plutôt, et cela rompait le calme et le silence de notre retraite.

Nous avions trouvé une façon très agréable de