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le second rang du collier

Au lieu de fenêtres, un vitrage, qui formait toute une paroi, éclairait ces chambres : sous les feuillages des stores qui le voilaient, cet intérieur avait l’apparence d’une serre.

Le salon, carré et spacieux, était à gauche de la salle à manger. Ses fenêtres s’ouvraient sur la rue. De larges divans, de bons fauteuils, des poufs, des coussins, et sur les murs d’illustres toiles, — entre autres le Polichinelle, grandeur nature, de Meissonier, et, au milieu d’un panneau, le superbe portrait de la maîtresse du logis, avec son petit griffon sur les genoux, peint par Ricard.

La Présidente arrivait du fond de l’appartement, et s’annonçait par une roulade, qui s’achevait en un rire perlé.

Trois grâces rayonnaient d’elle au premier aspect : beauté, bonté et joie.

Elle s’appelait Aglaé et aussi Apollonie, et c’est à elle qu’est adressé le poème d’Émaux et Camées :

 
J’aime ton nom d’Apollonie,
Écho grec du sacré vallon,
Qui, dans sa robuste harmonie,
Te baptise sœur d’Apollon…


Elle était assez grande et de belles proportions, avec des attaches très fines et des mains charmantes. Ses cheveux, très soyeux, d’un châtain doré, s’arrangeaient comme d’eux-mêmes en riches