Page:Gautier - Le Second Rang du Collier.djvu/170

Cette page a été validée par deux contributeurs.
162
le second rang du collier

noire brochée, à petits boutons de cuivre. Selon les rites, il garda sur sa tête sa petite calotte en satin noir, ornée d’un bouton de nacre carré encadré de filigrane doré. Sa figure jaune était spirituelle et fine, mais l’émotion la plissait et la déplissait continuellement, en faisant papilloter ses yeux, très vifs et très bridés.

Il n’avait pas plus de trente ans, mais on ne pouvait guère, à première vue, lui donner un âge quelconque. Il avait l’air à la fois d’un prêtre, d’une jeune guenon et d’une vieille femme. De ses manches sortaient à demi des mains maigres et aristocratiques, prolongées par des ongles plus longs que les doigts. On essaya d’échanger quelques phrases avec lui ; mais ce n’était pas commode, car le peu de français qu’il savait, il le prononçait d’une façon très imprévue.

Cependant, quand il eut compris qu’on avait l’intention de lui fournir les moyens de retourner dans son pays, il manifesta une grande épouvante.

— Moi, pas tourner Chine ! s’écria-t-il. Si tourner, couper moi tête…

Diable ? qu’avait-il donc commis là-bas ? Était-ce un malfaiteur dangereux ? Avait-il sur la conscience quelque crime très compliqué ?

Clermont-Ganneau, qui comprenait son jargon et même déjà quelques mots chinois, l’avait interrogé et nous fit part de ce qu’il soupçonnait :

Ting-Tun-Ling était, très probablement, un an-