ameute les foules à mes trousses et les chiens contre mes mollets !…
L’idée de voir un habitant du Céleste Empire nous exaltait beaucoup : cet être invraisemblable existait donc, autrement que sur les écrans et les éventails, avec une tête d’ivoire ou une figure en papier de riz ?
Il y avait longtemps que mon père avait écrit :
Celle que j’aime à présent est en Chine,
et une nouvelle, le Pavillon sur l’eau, d’après l’analyse, faite par Pauthier, d’une comédie chinoise.
Il s’intéressait vivement à l’antique civilisation de
l’Empire du Milieu. Il avait lu les travaux d’Abel
Rémusat et les pièces de théâtre, traduites par
Bazin ; il avait voyagé, en idée, dans ce pays du
rêve, qui était demeuré néanmoins, pour lui,
irréel.
— Amène-moi ton Chinois, dit-il à Nono. On tâchera de réunir pour lui un petit magot (le mot vient tout seul), et de rapatrier l’exilé. Viens déjeuner demain ici avec lui.
Clermont-Ganneau, fidèle au rendez-vous, nous présenta, le lendemain, le Chinois Ting-Tun-Ling, qui nous fit les plus respectueux saluts, en fermant ses poings pour les secouer à la hauteur de son front : cela nous parut délicieux. Il portait une robe bleue, en étoffe molle, sous une tunique de soie