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XV

Le roi passa dans une autre salle pour recevoir Mosché, et s’assit sur un trône dont les bras étaient formés par des lions ; il entoura son cou d’un large pectoral, saisit son sceptre et prit une pose de superbe indifférence.

Mosché parut : un autre Hébreu, nommé Aharon, l’accompagnait. Quelque auguste que fût le Pharaon sur son trône d’or, entouré de ses oëris et de ses flabellifères, dans cette haute salle aux colonnes énormes, sur ce fond de peinture représentant les hauts faits de ses aïeux ou les siens, Mosché n’était pas moins imposant : la majesté de l’âge équivalait chez lui à la majesté royale ; quoiqu’il eût quatre-vingts ans, il semblait d’une vigueur toute virile, et rien en lui ne trahissait les décadences de la sénilité. Les rides de son front et de ses joues, pareilles à des traces de ciseau sur du granit, le rendaient vénérable, sans