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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

— Bon !

— Où en est-il, ce malheureux dîner ? demanda Perle-Fine.

— Mijote, dit Cerf-Volant d’un air satisfait.

— Tu fais de ton mieux, mais que faire avec rien ?

— Beaucoup !

— Oui, en comparaison de notre ordinaire, ce serait un festin magnifique ; mais quand je me souviens de tous les plats recherchés que citait mon oncle, en revenant de dîner chez ces seigneurs, je comprends que leurs chiens ne voudraient pas de ce que nous allons leur servir.

— Nuit, s’écria Cerf-Volant.

— Vite ! allume toutes les lanternes, les invités vont arriver.

— Toutes ?

— Oui, oui, cela dégèlera un peu la salle. Ah ! mes ancêtres vénérés, prenez Bambou-Noir sous votre protection, faites réussir son projet si vous ne voulez pas que votre race finisse à moi.

Ainsi pria Perle-Fine, tandis que Cerf-Volant allumait les lanternes.

Il fut interrompu dans cette besogne par Rouille-des-Bois qui, furieux, s’élança sur lui.

— Pourquoi toutes ces lumières ? cria-t-il, sommes-nous aveugles ?

Mais à peine le vieillard avait-il parlé que le marteau de la porte retentit.