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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE

— De faim.

— Allons, dit la jeune fille, après un geste désolé, va vite préparer ces choses de ton mieux.

Cerf-Volant s’apprêtait à sortir quand Rouille-des-Bois le rappela.

— As-tu tendu les pièges à rat ? lui dit-il.

— Oui.

— Combien en as-tu pris ?

— Trois.

— Des rats, s’écria Perle-Fine, pourquoi faire ?

— Bouillon, dit Cerf-Volant.

— C’est excellent, ajouta Rouille-des-Bois ; ensuite on fait un hachis qu’on mêle à de la farine de haricots.

— Hélas ! soupira Perle-Fine.

— Une once d’argent ! la dépense de toute une semaine, ronchonnait Rouille-des-Bois.

— Voyons, mon oncle, calmez-vous. Vous tomberez malade à vous tourmenter ainsi.

— Je suis capable d’en mourir.

— Comment espérer qu’il donne jamais trois cents liangs, pensa la pauvre Perle-Fine.

— Mourir, continua l’avare, ce serait là encore une belle affaire et une belle dépense ! Dis-moi, si je mourais, dans quelle espèce de cercueil me mettrais-tu ?

— Mon oncle, dit Perle-Fine, si j’avais le malheur de vous perdre, j’achèterais pour vous un beau cercueil de cèdre.

— Là, j’en étais sûr… Quand on est mort on ne