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LA TUNIQUE MERVEILLEUSE

le même geste de désespoir. Pour lui, la vie était quelque chose d’incompréhensible et de terrible.

À la vue de ces affiches bariolant la porte, il sortit de son mutisme : les bras au ciel, il poussa une longue exclamation.

— Qu’est-ce donc, Cerf-Volant ? dit le vieillard qui regardait d’en haut.

— Venez, s’écria Cerf-Volant, qui ne savait plus par quel geste exprimer son effroi.

Rouille-des-Bois retira sa tête, ferma la fenêtre et descendit. On entendait des grincements de clefs et de verrous tirés.

— Quoi donc ? quoi donc ? dit l’avare en apparaissant dans le cadre de la porte. Nous a-t-on volé la tortue de fer, ou quelque autre ornement extérieur ?

Cerf-Volant attira son maître dehors et referma à demi la porte, pour bien la mettre en lumière ; puis il appuya ses mains sur ses tempes, comme s’il eût voulu empêcher sa tête d’éclater en face d’un pareil malheur.

— Oh ! oh ! s’exclama l’avare, prend-on ma maison pour le pilier public, ou bien, quelque poète sans renommée a-t-il choisi ma porte pour éditeur ? En ce cas, il me payera une redevance.

Et Rouille-des-Bois, tirant de la manche de sa houppelande, en peau de mouton, râpée jusqu’au cuir, une énorme paire de lunettes, se la campa sur le nez.

À mesure que le sens des caractères arrivait à son