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LE PARAVENT DE SOIE ET D´OR

Ouan. Plus haut que l’édifice les arbres géants étendent leurs branchages touffus. Deux éléphants noirs, en terre peinte, pourvus de défenses naturelles, flanquent la porte du sanctuaire qui creuse un carré sombre comme la bouche d’une caverne. Les bonzesses apparaissent un instant, blanches sur cette ombre, puis elles s’enfoncent dans la nuit.

À l’intérieur, la lumière du jour ne pénètre pas. De grands flambeaux et des lanternes de soie éclairent les draperies rouges qui voilent l’autel sur ses quatre faces et dont les plis somptueux tombent des hauteurs obscures. À droite et à gauche, de petites chapelles, fermées par des stores transparents, laissent voir confusément des statuettes dorées, et, entre les chapelles, sur les murailles, sont sculptés des tigres, des tortues géantes, des chevaux ailés.

Une femme au noble visage sous ses longs cheveux blancs, la supérieure des religieuses, est accroupie sur une natte, en avant de l’autel. Toutes les bonzesses se rangent en demi-cercle autour d’elle et s’accroupissent chacune sur une natte.

La cloche cesse de tinter, laissant ses dernières vibrations trembler longtemps. La supérieure fait un geste et les rideaux de pourpre, s’enroulant sur eux-mêmes, remontent vers le plafond invisible.

Sur un piédestal de marbre, deux statues colossales apparaissent, deux femmes agenouillées, les mains tendues vers le ciel. L’une est vêtue d’une