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LE PARAVENT DE SOIE ET D’OR

Elle conduit le centre de l’armée, Tige-d’Or commande l’aile droite, Lée-Line l’aile gauche. Et les heures brûlantes s’écoulent, la lutte s’acharne sans répit. C’est la confusion, le carnage, le délire du désespoir.

Cependant Lée-Line fait des prodiges. Peu à peu devant lui l’ennemi recule, harcelé par ses deux glaives qui semblent des serpents furieux dont chaque morsure ouvre une fontaine sanglante.

Mais, hélas ! que de morts, que de vides dans l’héroïque armée de Fleur-Royale ! Un contre dix au début du combat, les soldats de l’Annam ne sont plus qu’un contre cent. Et pourtant, ce sont eux à présent qui marchent sur la terre chinoise : ils refoulent dans les gorges étroites les guerriers du Fils-du-Ciel.

Ceux-ci, harassés d’avoir tant tué, ont l’air de céder, de s’enfuir. Leur chef Lu-Lan, blessé au visage, du geste et de la voix les entraîne en arrière et bientôt tous s’éloignent, disparaissent, abandonnent le lieu du combat.

— Lée-Line ! Lée-Line ! Fleur-Royale t’appelle : elle est blessée, blessée à mort !

Tige-d’Or a rejoint le prince qui poursuivait l’ennemi, et Lée-Line, avec un sursaut doulou-